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Espace consacré aux dimensions du chronotope dans la littérature et la culture africaine.
Catégorie :
Blog Littérature
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15.10.2009
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Mongo Beti

Bibliographie Temps-espace chez MB

Publié le 24/10/2009 à 20:06 par linka Tags : bibliographie temps espace mongo beti articles

 

              BIBLIOGRAPHIE

 

I.                 Écrits de Mongo Beti

  

A.    Oeuvres romanesques:

 

Ville cruelle. Paris : Présence Africaine 16 (1954).
Le Pauvre Christ de Bomba. Paris : Laffont, 1956.
Mission terminée. Paris : Buchet/Chastel, 1957.
Le Roi miraculé. Paris : Buchet/Chastel, 1958.


Perpétue et l’habitude du malheur. Paris : Buchet/Chastel, 1974.
La ruine cocasse d’un polichinelle. Rouen: Peuples Noirs, 1979.
Remember Ruben. Paris : L’Harmattan, 1982.
Les deux mères de Guillaume Ismaël Dzewatama. Paris: Buchet/Chastel, 1983.
La revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama. Paris: Buchet/Chastel, 1984.

L’histoire du Fou. Paris : Julliard, 1994.
Trop de soleil tue l’amour. Paris : Julliard, 1999.
Branle-bas en noir et blanc. Paris: Julliard, 2001.

                                    

B.    Essais et articles

 

Africains, si vous parliez. Paris : Homnispheres, 2005. [Posthume]

Lettre ouverte aux Camerounais. Rouen : Peuples Noirs, 1986.

Main basse sur le Cameroun. Rouen : Peuples Noirs, 1972.

 

 

II.              Etudes entièrement ou partiellement consacrées au « temps / espace » ou à la création romanesque chez Mongo Beti

 

  1. Ouvrages, thèses et mémoires

 

ARNOLD, Stephen H.. The New Mongo Beti.in: Stephen H. ARNOLD (dir.). Critical Perspectives on Mongo Beti. Colorado Springs: Three Continents Press, 1998, pp. 355-366.

 

AWOUMA, Joseph-Marie. Le mythe de l’âge, symbole de la sagesse dans la société et la littérature africaines. in: Thomas Melone (sous la direction de). Mélanges africains, E.R.L.A.C. Yaoundé: Éditions Pédagogiques Africaines, pp.173-188

 

CHEMIN, Roger. La ville dans le roman africain. Paris : L’Harmattan – ACCT, 1981.

 

COLLINGTON, Tara. Lectures chronotopiques : Espace, temps et genres romanesques(essai). Montréal : XYZ, Théorie et Littérature, 2006.

CRESSENT, Armelle. Penser une guerre de libération et (ré) écrire l’histoire : le cas de Mongo Beti. In: Tcheuyap Alexie (sous la direction de). Études littéraires, Volume 35, numéro 1 : Afrique en guerre, hiver 2003, p. 55-71.

CHEVALIER, Jacques. Littérature nègre. Paris : Armand Colin, 1984

 

DABLA, Sewanou. Nouvelles écritures africaines : romanciers de la seconde génération. Paris : L’Harmattan, 1986

                             

DEHON, Claire. Le réalisme africain. Le roman francophone en Afrique subsaharienne. Paris : L’Harmattan, 2002

 

DJIFFACK, André. Mongo Beti. La quête de la liberté. Paris : L’Harmattan, Coll. « Espaces littéraires », 2000

 

FAME NDONGO, Jacques. L’Esthétique romanesque de Mongo Beti. Essai sur les sources traditionnelles de l’écriture moderne en Afrique. Paris : ABC / Présence Africaine, 1985

 

FOE, Benoît. L’administration coloniale dans l’œuvre de Mongo Beti. Mémoire de D.E.S. dirigé par Thomas Meloné, Université de Yaoundé, 1974

 

KOM, Ambroise (Sous la direction de). Dictionnaire des œuvres littéraires négro-africaines de langue française des origines à 1978. Paris / Sherbrooke (Québec, Canada) : ACCT/Editions Naaman, 1983

KOM, Ambroise. (Sous la dierction de). « Repères », Dossier « Remember Mongo Beti ».Bayreuth African Studies,no 67 (2003), p. 7-8.

KOM, Ambroise (Sous la direction de). Présence francophone. Revue internationale de langues et littérature, no 42, 1993, consacré à Mongo Beti. 40 ans d’écriture. 60 ans de dissidence

 

KOM, Ambroise (Sous la direction de). Dictionnaire des œuvres littéraires de langue française en Afrique au sud du Sahara, vol.II, 1979-1989. Paris: L’Harmattan, 2001

 

KOM, Ambroise.Mongo Beti parle. Bayreuth: Bayreuth African Studies 54, 2002

 

KOM, Ambroise. Pays, exil et précarité chez Mongo Beti, Calixte Beyala et Daniel Biyaoula, in : Notre Librairie, Actualité littéraire 1998-1999,N°138-139, septembre 1999, mars 2000, p.42-55.

 

MBOCK, Charly-Gabtriel. Ville cruelle d’Eza Boto. Paris : Editions Saint-Paul, Coll. « Comprendre », 1981

MBOCK, Charly Gabriel.Comprendre "Ville cruelle" d'Eza Boto. Issy-les-Moulineaux : les Classiques africains, 1992. 95 p. (Comprendre), Salle H – Littératures d’expression française -

 

MELONE, Thomas. Mongo Beti : l’homme et le destin. Paris : Présence Africaine, 1971

 

MINYONO NKODO, Mathieu-Francois. La création littéraire chez les romanciers camerounais de 1954 à 1986. Thèse pour le doctorat d’État, Université Paul-Valéry, Montpellier, 1988

 

MOUDILENO, Lydie. Littératures africaines francophones des années 1980 et 1990. Document de travail, no 2, 2003. Dakar: Codesria

 

MOUKOKO GOBINA, Henri. Le Blanc et l’Europe dans le roman subsaharien d’expression française. Thèse de doctorat de 3e cycle. Paris, Sorbonne, 1975.

 

MOURALIS, Bernard. L’œuvre de Mongo Beti. Paris : Editions Saint-Paul, Coll. Comprendre, 1981

 

NOUBIE, Albert. La nature dans la création littéraire négro-africaine : Exemple de « Ville cruelle» et « Mission terminée », Mémoire de D.E.S. Université de Yaoundé, 1979

 

NDACHI TAGNE, David. Roman et réalités camerounaises. Paris : L’Harmattan, 1986

 

OWONO-KOUMA, Auguste. L’adjuvant dans la dynamique de la confrontation chez Mongo Beti. Thèse pour le doctorat de 3e cycle. Université de Yaoundé I, inédit

 

OWONO KOUMA, Auguste. Mongo Beti et la confrontation, Rôle et importance des personnages auxiliaires. Paris : L’Harmattan, 2008.

 

OWONO-KOUMA, Auguste. Christianisme, église catholique romaine et création romanesque chez Mongo Beti. Thèse pour le doctorat d’État, Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, février 2009

 

SALAKA, Sanou. La critique sociale dans l’œuvre de Mongo Beti. http://www-old.critaoi.org/bib/archive/00000093/01/Lyon_II_MONOGO_BETI_CORRIGE.pdf

 

SENGHOR, Léopold -Sédar. Élements constructifs d’une civilisation d’inspiration négro-africaine. Présence Africaine, nos 24-25, février - mai 1959

 

 

  1. Articles et interviews

 

 

BIAKOLO, Anthony Omoghene. Entretien avec Mongo Beti. In : Peuples Noirs, Peuples Africains, no 10, 1979, pp. 86-121.

 

BISSEK, Philippe (Textes réunis et présentés par). Mongo Beti à Yaoundé, 1991-2001. Rouen : Editions des Peuples Noirs, 2005

 

BOUZIANE, Nadia. Ambivalence de l’espace ville-village chez Eza Boto. www.e-litterature.net, Exigence : littérature, lundi 26 mai 2008

 

DJIFFAK, André. Mongo Beti. Le rebelle tomes I, II, III. Mayenne : Gallimard, Continents noirs, nrf, 2007,2008

EDEM K. AWUMEY. Le roman de Belleville: l'écrivain africain entre exil et métissage.Lianes, no1,

http://www.lianes.org/Numero-1_r9.html

 

FONKOUA, Romual-Blaise.Ville Cruelle. In : Notre Librairie, no 99, 1989, pp 97-98

 

GORÉ, Jeanne-Lydie.  Aspects de la présence du sacré dans la littérature africaine d’expression française ». in : L’Afrique littéraire et artistique, no 54-55, 1979 / 1980, pp31-37

 

HOLM, Helge Vidar. Le chronotope de la mort : Les Soleils des Indépendances de A. Kourouma. Université de Bergen

 

KEMEDJIO, Cilas. « De Ville cruelle de Mongo Béti à Texaco de Patrick Chamoiseau: Fortification, ethnicité et globalisation dans la ville postcoloniale». L’esprit créateur, 41 (3), 2001, p. 136-150, Salles H et V – Littératures d’expression française – Périodiques –

 

KOM, AMBROISE. Mongo Beti Returns to Cameroon: A Journey into Darkness, dans Stephen H. ARNOLD (dir.). Critical Perspectives on Mongo Beti. Colorado Springs: Three Continents Press, 1998, p. 413-420. 

METO’O, Maxime. Images et représentations du Cameroun de 1948 dans Le roi miraculé de Mongo Beti, in : Richard Laurent Omgba (sous la direction de). L’image de l’Afrique dans les littératures coloniales et post-coloniales, Actes du colloque international de Yaoundé, (15-17 décembre 2004).L’Harmattan,p.155- 161.

MOUKOKO GOBINA, Henri. La cruauté de la ville et le destin du héros dans «Ville Cruelle», in : Thomas Melone (sous la direction de). Mélanges africains, E.R.L.A.C. Yaoundé : Éditions Pédagogiques Africaines, p. 111- 127. 

 

MOURALIS, Bernard. Mongo Beti et la modernité, dans Stephen H. ARNOLD (dir.), Critical Perspectives on Mongo Beti. Colorado Springs : Three Continents Press, 1998, p. 367-376.

 

ONGOUM, Louis-Marie. Mythe et littérature en Afrique, in Thomas Melone (sous la direction de). Mélanges africains, E.R.L.A.C. Yaoundé : Éditions Pédagogiques Africaines, p. 163-172.

 

ONGOUM, Louis-Marie. Ville cruelle : Nouvelle ? Roman ? Chronique ? in : Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, no 9. Yaoundé, 1979, pp. 293-334

ONGUENE ESSONO, Louis-Martin et NDZIE AMBENA. La route dans le roman de Mongo Beti. Une lecture sociocritique de Mission terminée, Le pauvre Christ de Bomba, et Perpétue. in : Langues et communication, revue internationale de recherche multidisciplinaire, no 6 consacré à Insécurité linguistique et ethnolinguistique. Yaoundé : Clé, janvier 2007, pp. 359-372

 

OWONO KOUMA, Auguste. Mongo Beti et la crise de croissance de l’enfant, Essai d’approche modale. in Cahier UCAC 2, Yaoundé, 1997 : 165-172.

 

OWONO KOUMA, Auguste. Pour une relecture de l’assassinat de Martin dans « Perpétue » de Mongo Beti. In : Syllabus, Série Lettres et Sciences Humaines Vol.1, no 8, 2003, Presses Universitaires de Yaoundé, p. 217-232

 

OZELE OWONO, Joseph. Pathos, logos et ethos dans la prose romanesque de Mongo Beti.Yaoundé: décembre 2008 (à paraître)

 

SHERRINGTON, Robert.  The Use of Mongo Beti dans Stephen H. ARNOLD (dir.), Critical Perspectives on Mongo Beti.Colorado Springs: Three Continents Press, 1998, p. 393-404.

 

SOUBIAS, Pierre.  Ville noire, ville blanche : représentations romanesques d’un espace clivé. in : Alain Gascon, Dulucq, Sophie & Soubias, Pierre (dir.). — L’espace public et ses représentations en Afrique subsaharienne. Approches pluridisciplinaires. Paris : Karthala, 2004 (pp. 221-230)

 

 TCHOUNGUI, Pierre. Survivances ethniques et mouvance moderne. Le Cameroun dans le miroir de ses écrivains (imagologie et ethnopsychologie littéraires). In : Thomas Melone (sous la direction de). Mélanges africains, E.R.L.A.C. Yaoundé : Éditions Pédagogiques Africaines, p.329-362.

 

Pour citer cet article, Lin Bernard Nka (2009) "Bibliographie Temps-espace chez MB" in linka.centerblog.net/

Mongo Beti à Yaoundé 1991-2001 : Mises au point de taille

Publié le 24/10/2009 à 04:13 par linka Tags : yaoundé exil néocolonialisme Tanga écriture littérature africaine beti

 

Dans le soucis de mettre en lumière le message contenu dans les écrits de Mongo Beti, nous avons entrepris de confronter l’image donnée de l’homme in absentia par les critiques divers et certaines associations de lieux, thèmes et événements avec l’univers géographique immédiat de son enfance avec ce qu’il en dit lui-même dans l’impressionnant recueil d’entretiens et articles divers réalisé par Philippe Bisseck.  Quelques idées fortes nous ont permis de découvrir en cet auteur prolifique bien plus que le rebelle, inlassable contestataire, dissident et autres étiquettes que lui ont collé la plupart pour ne pas dire pratiquement tous ceux qui lui ont consacré articles ou études.  L’auteur parlant de sa vie et de son œuvre renverse des monuments idéologiques et surtout thématiques  bâtis sur le mythe qu’il représente depuis des décennies. Le livre de Bisseck a le mérite de ne pas altérer, occulter ou biaiser les préoccupations du romancier. Nous avons pu y relever, comme nous l’avons dit plus haut, quelques unes des idées fortes qui apportent une lumière nouvelle et donnent un visage nouveau au fils du pays des beti et à son œuvre. Ceci ne constitue pas un aperçu du livre, encore moins l’économie de son contenu, mais un modeste répertoire de propos par lesquels Mongo Beti le journaliste explique ou révèle Mongo Beti l’écrivain sous un jour autre que « Le rebelle ».

 

Politique:

 

« Je n’ai aucune ambition politique. J’ai un statut social qui me donne toute satisfaction : écrivain et éducateur, telle est ma vocation. La preuve, ce sont ces deux métiers que je pratique depuis plus de trente ans. » P. 95

 

« Mais je ne me sens pas vraiment une vocation de politique pour exercer des responsabilités. Cela ne m’intéresse pas. Mais me battre pour chasser le colonialisme français, pour installer quelqu’un qui est compétent, qui est honnête, ça oui ! » p.138

 

« Comme je lai dit, il ne faut pas attendre de moi que je joue un rôle politique, ce n’est pas conforme à ma personnalité. » P.152

 

Village :

 

« Quand on arrive dans nos villages, on est estomaqué par le dénuement des villageois et l’inconfort général; les gens sont malades, édentés, alcooliques, jamais soignés ; bref, c’est hallucinant. A l’époque coloniale, les planteurs vendaient leur café ou leur cacao directement aux Grecs qui leur versaient de l’argent illico. Ainsi, ayant de l’argent, les gens allaient se procurer divers biens, modestes certes : une bicyclette, un meuble, une machine à coudre, etc. ce qui fait que les paysans étaient plus ou moins bien intégrés dans l’économie monétaire. Aujourd’hui, ils sont marginalisés, oubliés, abandonnés et même exploités par le régime. »  P. 98

 

« Je me suis promené dans le terroir où je suis né, au pays beti. Lorsque je suis retourné chez moi, j’ai été frappé par la pauvreté et le dénuement incroyable des populations. Lorsque j’étais enfant, je me souviens que l’on trouvait souvent dans les cases une bicyclette, une machine à coudre en tout cas, des signes qui indiquaient que la population commençait à se moderniser. En 1991, on n’observe plus ces signes : il n’y a pas de bicyclettes, pas de machines à coudre. Il n’y a même plus de meubles ! Il n’y a strictement rien. Les cases sont complètement vides. » P.131

 

« Je reviens au village. Je vais m’occuper de projets de développement villageois. Parce que, dans pays beti, ce n’est pas tans la misère matérielle, mais la misère structurelle : il n’y a aucune structure de développement, pas la moindre infrastructure, même pas de puits. Les gens en sont encore à puiser l’eau dans les fonds de vallons, de l’eau souillée par les pluies. C’est cette eau-là que les paysans boivent encore dans les villages. »

PP.137-138

 

« Ce qui me frappe depuis mon retour, c’est le dénuement du pays beti ; trente-cinq ans d’indépendance n’ont rien apporté. Akometam a 5 500 habitants dont plusieurs (300 à 400) gamins scolarisables, alors que l’école n’en absorbe pas 100. Les gens boivent toujours l’eau des bas-fonds, pas de centre médical dans tout le village ni dans les environs, pas d’épicerie. Quand quelqu’un veut un morceau e savon, il est obligé d’aller sur Mbalmayo et de dépenser deux fois le prix de sa savonnette. L’électricité nous a été refusée pour des raisons politiques.

Mon travail est d’apporter un peu de modernité à ce village moyenâgeux en commençant par l’eau. J’ai creusé des puits mais c’est tellement cher de les buser ! Je voulais faire une deuxième école pour les gosses de mon hameau qui sont à quatre ou cinq kilomètres de l’école. J’ai aussi l’intention de faire un centre médical orienté vers la prévention… »

Generation, no 15, 23-30 novembre 1994. Propos recueillis par Vianney Ombé.

 

 

Village vs ville (exode rural)

 

« J’entretenais une relation spéciale avec mon village parce que ma mère y habitait. Aujourd’hui, après son décès, je maintiens ma passion pour le village. Je pense que l’on peut y faire un travail efficace. Il faut convaincre les jeunes qui grandissent au village de rester sur place. Mieux vaut être au village que de vivoter en ville entre désœuvrement et délinquance. Il faut absolument enrayer l’exode rural pace qu’il va déboucher sur des catastrophes : les bidonvilles, les villes ingouvernables… » P.131

 

 

Ville cruelle :

 

« Ville cruelle n’est pas forcément Mbalmayo, c’est un lieu symbolique ; elle signifie le basculement des petits paysans dans un univers urbain.  C’était un choc de voir Mbalmayo à l’époque, le vieux pont sur le Nyong et les paysans de la rive gauche. La rive droite, c’est la ville blanche ; elle fut investie par les colons. Ma très longue expérience de cette ville est une expérience des conflits de cohabitation de deux chefs de subdivision blancs. Il s’agit d’une condamnation orale de ce qui s’y passe. Le pillage de notre bois par des exploitants forestiers. Nous vivions une ville blanche où les Noirs n’avaient pas voix au chapitre. C’est une situation courante de nos pays… Aujourd’hui, Mbalmayo est presque à l’abandon. L’État post-colonial, d’Ahidjo à Biya, n’ayant rien fait pour développer la ville sur aucun plan… aucun aménagement urbain depuis des années, beaucoup d bâtissent qui tombent en ruine, des routes non entretenues… et c’est révoltant. »  PP.104-105

 

Ville cruelle = Mbalmayo ?

 

« Je dois malheureusement décevoir le public en révélant qu’il y a un contresens, un malentendu sur l’expression « ville cruelle ». En effet, mon roman révélait une opinion sociologique. Il est le reflet de ma formation, de mon éducation et de ma découverte du monde. Cette expression était en fait générale. Elle désignait  un phénomène, à savoir le passage de la vie du village à celle de la ville, la découverte de la ville par les paysans. Les deux personnages principaux sont des paysans. L’un, en arrivant en ville, déclenche une grève parce qu’il est maltraité, l’autre fait une expérience cruelle de la ville en venant y vendre son cacao. Voilà ce que désignait le titre que j’ai choisi. D’aucuns ont pensé que Mbalmayo est cruelle pour le paysan qui la découvre. Cela dit, le roman est toujours la projection de l’expérience de l’auteur. A cette époque-là, vous ne pouviez décrire une ville sans que ce soit celle où vous avez grandi. Ce décor est en grande partie inspiré de Mbalmayo même si ça a beaucoup changé. Donc, Ville cruelle décrit une ville qui n’est pas précisément Mbalmayo mais qui peut effectivement l’être. »  P.143

 

 

Néocolonialisme :

 

« Il ne faut pas oublier que le Cameroun est la cheville ouvrière du système néocolonial en Afrique noire. » P.107

 

« En refusant, au cours des années cinquante, de dialoguer avec Ruben Um Nyobe, au contraire de la Grande Bretagne qui, à la même époque, négociait, elle, avec Kwame Nkrumah les modalité de l’accession du futur Ghana à l’indépendance, la France nous a délibérément précipités dans une spirale tragique qui n’a pas fini de dérouler ses effets sous nos yeux. » P.110

 

« La France cherche à maintenir son hégémonie sur l’Afrique francophone… Mais la France a-t-elle les moyens de son hégémonie ? C’est là, je pense, la question qu’on devrait se poser. La France voudrait bien continuer à maintenir sa domination en Afrique francophone, mais elle n’en a plus les moyens. Tout le monde sait que les subventions accordées récemment aux dictateurs comme Biya ou comme Bongo ont beaucoup choqué une fraction de la classe dirigeante française, fraction la plus technocratique qui dit : « On veut bien donner de l’argent à ces gens-là pour faire du développement ; si c’est pour faire leurs fins  fin du mois, ce n’est plus du développement. » »  p.160

 

 

Exil

 

« Je suis plus africain que jamais, peut-être parce qu j’ai été en exil si longtemps. Mais je ne me suis pas exilé pour le plaisir. Si j’étais rentré au Cameroun à l’époque d’Ahidjo ou même au début du système de Paul Biya, il est probable que j’aurais été assassiné ou, au mieux, mis en prison. Mes camarades upécistes qui sont rentrés ont connu ce destin, ou alors se sont reniés et sont entrés dans le système. Je me suis donc exilé par nécessité et, à force de réfléchir sur mon pays, de loin, je l’ai d’autant mieux compris. J’ai vu beaucoup de gens de ma génération, certains sont ministres, se promènent en Mercedes. Ceux-là ne sont pas intéressants et n’ont rien compris à l’Afrique. Beaucoup d’autres sont restés des gens très honnêtes, mais ils sont limités car ils ne peuvent pas se déplacer à leu guise. C’est peut-être l’exil qui m’a rendu si africain ! » p.131

 

 

Ville

 

« Yaoundé comporte toutes les tares de la démence de l’Afrique francophone : la mégalomanie, les immeubles très hauts qu’on ne termine jamais, des aéroports dont le pays n’a pas besoin. » P.132

 

 

Mère

 

« … j’ai perdu ma mère. Je n’avais jamais pensé que je perdrais ma mère. Pour moi ma mère était quelque chose d’éternel. Et quand j’ai revu ma mère après trente-deux ans d’absence, elle était vraiment au bout du rouleau, 84 an, très fatiguée. Elle est morte dix mois après. »  P.137

 

Blessures internes

 

« Lourd aussi parce que j’ai quand même eu des plaies mal cicatrisées à la suite de mes démêlés avec le pouvoir : dès que je vois un représentant du pouvoir, je ne peux pas m’empêcher de l’agresser. C’est la preuve qu’il y a quelque chose qui saigne quelque part. »  p.137

 

Ecriture

 

« J’ai toujours eu un rapport existentiel avec l’écriture. J’écris ce que je vis. Entre ma vie, mon existence vécue et mes écris, il y a constamment un va-et-vient. Donc si je fais des expériences nouvelles, je les transposerai dans des écris. » P.138

 

« Cela dit, le roman est toujours la projection de l’expérience de l’auteur. A cette époque-là, vous ne pouviez décrire une ville sans que ce soit celle où vous avez grandi. » P.143

 

« Je crois que la littérature africaine a beaucoup contribué à la lutte contre le

colonialisme… » P. 149

 

« Ce qui m’a poussé à écrire c’est que j’aimais la littérature d’abord. J’aimais beaucoup lire quand j’étais jeune…

Le livre qui m’a le plus impressionné c’est La case de l’oncle Tom.C’est celui-là qui m’a le plus influencé et, par la suite, la littérature américaine. . Il parlait des esclaves.[…] Richard Wright m’a beaucoup impressionné…

L’époque m’a beaucoup aidé aussi avec cette ambiance de revendication nationale. Vous savez que les Blancs avaient écrit des choses très fausses sur nous, donc c’était aussi un peu pour redresser les torts, donner la réplique aux Blancs. C’était un peu polémique. C’est parce que je voulais faire entendre une autre voix, pas forcément celle des Blancs. » P.165

 

Rôle d’un écrivain dans une société:

 

« Pour moi je suis un écrivain engagé et bien sûr je participe aux luttes d’un peuple, surtout quand celui-ci est dominé. C’est le combat social qui est forcement l’une des missions d’un écrivain. Ce n’est pas la seule bien sûr. » P.166

 

« L’écrivain africain se sent de moins en moins immergé dans la société africaine. C’est curieux, il produit une littérature en pensant aux lecteurs étrangers, en pensant aux instances de reconnaissance étrangères, en pensant aux critiques français. Je pense qu’il y a une rupture entre l’écrivain et sa cible, d’autant plus que les livres écrits sont hermétiques… » P.167

 

« Je ne crois pas que l’on ait des dispositions à la naissance pour être écrivain, je pense qu’on peut devenir écrivain, et même poète, à force de travailler. Valery disait que le génie c’est 95% de transpiration et 5% seulement d’inspiration. (…)Donc, on ne naît pas écrivain, je crois qu’on le devient à force de travail. » P.179

 

« Quand nous écrivions avant l’indépendance, le monde entier avait l’impression qu’il y avait une mutation qui se produisait en Afrique. On croyait que l’Afrique allait enfin pouvoir apporter quelque chose au monde. (…) Et puis il y a eu les indépendances où les Africains ont beaucoup déçu, et c’est vrai que l’opinion internationale, parce que déçue, attend moins de nous… » P.179

 

« Evidemment, la littérature n’a jamais fait la révolution. Elle ne peut pas suffire pour libérer un peuple ou pour soulever les masses. Il ne faut pas faire de contresens : la littérature agit en profondeur, puisque son but premier c’est de susciter les émotions, ce n’est pas de pousser les gens à l’action. Il est vrai que, pour agir, on doit avoir été ému. Mais les deux choses ne se font pas instantanément. (…)

Je crois que la littérature peut, en profondeur, en agissant sur les gens, préparer les grands changements dont l’Afrique a besoin.Mais l’écrivain n’est pas un homme politique. » 

 

Roman vs essai

 

« Le roman cherche à éveiller les consciences parce que les romans c’est beaucoup plus le rêve que la réalité. Il amène les gens à réfléchir en profondeur. En revanche, l’essai, lui, est la révélation d’une situation injuste, insupportable mais dont les gens n’étaient pas conscients. Voilà la différence.

Personnellement, lorsque je lis un roman, cela m’amène toujours à beaucoup réfléchir tandis qu’un essai est une révélation, une découverte totale. C’est pourquoi les deux genres n’ont pas le même effet. Lorsque l’on estime que des faits doivent être révélés de façon brutale, on écrit un essai. Transposés dans un roman, ces faits appellent à une élaboration. Il s’agit d’ajuster ce qui est fictif avec ce qui est réel, ce qui n’est pas toujours facile. »  P.149 

 

 

Celui de ses ouvrages qu’il préfère

 

« La ruine presque cocasse d’un polichinelle. C’est celui que je préfère ! » P.138

 

Langue

 

« Le problème de la langue nationale est un problème sur lequel nous discutons souvent. Il y a deux aspects à ce problème, tout d’abord l’aspect théorique. Tous les états africains en on encore une vision philosophique, ils se demandent s’il st indispensable que chaque peuple ait sa langue. La question est de savoir comment appliquer cet idéal. Là nous sommes dans l’aspect pratique qui soulève évidemment d’énormes problèmes politiques qui sont d’ailleurs loin d’être résolus. (…) p250

J’ai eu le même débat avec un néerlandais alors que je venais de quitter Aix-en-Provence. Il m’expliquait que les plus grands écrivains de langue anglaise se trouvent en Inde. Depuis le combat pour l’indépendance, les indiens, en dépit de tout, n’ont toujours pas abandonné l’anglais. C’est pour dire que cette question à l’examen (p151->) est plus difficile, plus ambiguë qu’il n’y paraît. (…)

J’estime que ce n’est pas un problème prioritaire pour le moment, car, comme je l’ai dit au début, nous ne sommes même pas encore à la fin de la libération nationale. Nous n’avons pas encore libéré le Cameroun du joug colonial. Je pense que lorsque nus aurons enfin acquis notre place au soleil, il sera temps d’ériger des langues nationales en langues officielles mais il est rai que la situation actuelle n’est pas idéale. »  P.151

 

Challenge Hebdo : Pensez-vous que l’on puisse s’exprimer dans la langue de l’autre et s’exprimer… et bien s’exprimer ?

 

Mongo Beti : Si je ne le croyais pas, je n’écrirais pas en français. Bien entendu, je pense qu’on peut bien s’exprimer dans la langue de l’autre. On a l’exemple d’un illustre écrivain en Angleterre, Conrad, qui est d’origine polonaise. Et d’ailleurs les meilleurs écrivains de langue anglaise ne sont pas des Anglais, ce sont des irlandais dont la langue naturelle est le gaélique, une langue celtique. Puis en France, pourquoi ne pas citer l’exemple de cet homme, si controversé qu’il soit ? Je parle de Léopold(Bissek, p181->) Sédar Senghor. Ou bien Nathalie Sarraute par exemple qui a inventé ce qu’on appelle le nouveau roman, elle est d’origine russe.

Dans le cas qui nous occupe, les gens de ma génération commençaient à aller à l’école très tôt. Donc, pour nous les colonisés, la langue française n’est vraiment pas celle de l’autre. Je pense qu’il faut être nuancé.  

 

C.H. : que souhaiteriez-vous voir retenir de vos œuvres ?

 

M.B. : Oh ! Vous savez que le lecteur ou le critique est libre de retenir dans une œuvre ce qu’il veut bien retenir. Je ne crois pas que l’auteur puisse dicter ses volontés dans cette situation-là. Non, chacun suivant sa sensibilité retient d’une œuvre ce qui lui paraît le mieux s’accorder avec lui-même. (P.181)

Challenge Hebdo, no 174, 27 octobre 1994. Propos recueillis par Etienne L. Mooh Dizong.

 

 

 

Démêlés => exil volontaire

 

« Je suis revenu une première fois au Cameroun en septembre 1958, la case de maman était détruite, j’étais donc venu la reconstruire, (…) De retour donc j’ai constaté toute la souffrance qu’il y avait à Mbalmayo et, une fois rentré en France, j’ai décidé de ne plus revenir. Or, maman voulait que je revienne pour achever de construire la case. Je suis donc de nouveau venu  au pays pendant les vacances de Pâques en 1959. C’est cette fois-là que j’ai été mis en prison, j’ai eu des histoires à Mbalmayo, il fallait « réprimer les effrontés », on provoquait les gens, on cherchait à provoquer une personnalité qui était très politique à défaut d’être un homme politique. (p157 ->) Dès ma sortie, j’ai décidé de ne plus revenir au Cameroun au moins pendant deux ou trois ans et finalement vous avez ce qui s’est passé, je suis resté en France. Là-bas, j’ai commencé à m’exprimer librement avec d’autres Camerounais. Je n’avais pas été l’objet d’un décret d’exil ou d’arrestation comme Abel Eyinga… »  PP.156-157

 

État d’esprit

 

« S’agissant de mon état d’esprit, il n’a pas changé, je n’ai pas changé d’idées, de convictions.  (…)  Tout ceci pour vous dire que mon état d’esprit n’a pas changé, même si mon âge est un peu avancé. Je pense qu’ici es gens sont trop résignés. » P.157

 

Thèse de Jacques Fame Ndongo :

 

« Oui ! C’est vrai, M. Fame Ndongo a écrit une thèse d’État sur moi, mais je ne l’ai pas lue. En revanche ma femme l’a lue, elle m’a dit que ça ne vaut pas la peine de la lire. M. Fame Ndongo peut se prévaloir de sa thèse et dire qu’il est un grand spécialiste de Mongo Beti, mais je tiens à signaler qu’il ne m’a jamais rendu visite… »   P.157

 

La francophonie

 

Instrument de développement ?

 

« Non, je ne le crois pas du tout, je l’ai dit très souvent. D’ailleurs, je suis contre la francophonie des Français, telle qu’elle est ficelée par le gouvernement français. C’est un instrument d’oppression. C’est un échafaudage d’idées, qui d’ailleurs n’ont rien à voir avec la langue française, conçues pour maintenir les Africains sous tutelle. Ca n’est pas du tout un instrument de développement ni de libération, puisque tout ce qui concerne la francophonie (institution, argent) vient de la France. L’initiative est absolument étrangère aux Africains et d’ailleurs, en Afrique, on préfère les chefs d’États aux écrivains, qui sont pourtant les dépositaires de cette langue française. Et si des fois ils pensent à un écrivain, ce serait quelqu’un qui, comme par hasard, est déjà acquis au système francophone. »


Source : BISSEK, Philippe (Textes réunis et présentés par). Mongo Beti à Yaoundé, 1991-2001. Rouen : Editions des Peuples Noirs, 2005

Pour citer cet article, Lin Bernard NKA (2009), "Mongo Beti à Yaoundé 1991-2001: Mises au point de taille" in linka.centerblog.net/